Nadia

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„J'aimerais vraiment vous embrasser, mais là je crois que cela ne va pas être possible.“

C'est le personnage absent de la pièce. Sa présence est convoquée comme on convoque un souvenir.
On la découvre tantôt profondément agitée sur un trottoir de San Francisco à 3 heures du matin ou très douce en Italie où elle s'adresse avec tendresse à ses parents.

Rapport de l'auteur avec Nadia

Nadia M. fut une amie proche.

Lorsque je l'ai rencontré pour la première fois, en Italie, son accent américain très prononcé m'avait surpris.
Je me souviens qu'elle me parla des États-Unis avec passion, de son job dans une friperie à San Francisco, des fringues de rock star qu'elle avait porté puis de sa rencontre avec le monde spirituel qui la poussa à quitter les USA pour vivre en Inde.

Il semblait fou de penser qu'elle était une globe-trotter avec un physique aussi fragile et menu.
Il émanait d'elle un bonheur espiègle que l'on ne rencontre que dans le regard des moines Zen.

Sa disparition est le point de départ de la pièce.

Traitement médiatique de Nadia

Figure centrale de la pièce, Nadia M n’apparaît presque jamais dans les 1717 articles de presse consacrés au drame de Pune que nous avons analysés.
Son nom n’est cité que 5 fois dans les 6 principaux journaux anglophones de l’Inde. Par contre, sa nationalité est au centre de la discussion ; elle est la « victime occidentale » de l’attentat, celle qui permet aux enquêteurs, aux responsables politiques et aux journalistes d’échafauder une première hypothèse quant à l’origine « terroriste » du drame.

Alors que l’enquête ne fait que commencer, les journalistes pointent du doigt la possible implication des djihadistes pakistanais dans l’attaque contre le German Bakery en rappelant que les touristes étrangers figurent parmi les cibles privilégiées des islamistes.
Nadia cesse, dès lors, d’être une victime parmi tant d’autres. Elle devient la clé pour dénouer le drame et la première pierre de l’édifice explicatif construit par les journalistes pour donner un sens aux évènements, à grand renfort de témoignages, de paroles d’experts, de déclarations officielles et de discours politiques.